J'attendais mon vol pour Graz. Il ne restait que quelques minutes lorsque, à la porte d'embarquement voisine de la nôtre, un cercle de passagers a commencé à s'éloigner, lentement, d'un sac Duty Free qui gisait sur le sol. Une bouteille de vin rouge cassée saignait abondamment à l'intérieur du sac en plastique. C'était un spectacle hypnotique. L'odeur mielleuse et terreuse du vin était à la fois immédiatement familière et dérangeante, car elle imprégnait le terminal. Avec une rapidité surprenante, une femme de ménage est arrivée, toute de bleu Schiphol vêtue. Elle se dirige directement vers le sac. Cette femme de ménage était une employée âgée, aux cheveux fins, aux mains presque squelettiques, au visage épuisé. Trop vieille, se dit-on, pour travailler encore. Elle ralentit à l'approche du sac, fronça soudain les sourcils et se mit à claquer la langue, doucement, comme pour apaiser un animal blessé.