Première publication des éditions Audimat avec un livre de Simon Reynolds, critique anglais. Le Choc du glam est une histoire exhaustive du glam dans la pop et le rock, de Bowie à Ultravox, qui réussit, alors même qu’elle revient sur des artistes des années soixante et soixante-dix, à nous propulser dans une réflexion d’une actualité totale sur les liens entre la musique, l’image, l’identité et l’histoire des idées. Il y est question du genre et de sa performance – vocale, vestimentaire ou littéraire –, du jeu camp entre sincérité et détachement, et de ce glamour dont se réclamaient les figures du mouvement. Un glamour assez éloigné de l’idée que l’on s’en fait de nos jours – en général liée aux industries de la mode et du luxe – et que Reynolds définit plutôt comme un phénomène de fascination, un halo magique enveloppant certaines créatures.

Le Choc du glam réussit aussi à s’adresser à la fois aux partisans de l’éthique rock et à ceux de la légèreté pop : il reprend l’histoire à la fin des années 1960, principalement en Angleterre, afin de montrer que la musique de l’époque était déjà parvenue à un seuil pour le moins problématique de maturité, et qu’il lui fallait donc entamer une cure de jouvence. Mais cette cure n’a pu avoir lieu, selon Reynolds, qu’en utilisant et détournant des innovations précisément portées par ce rock adulte qu’elle voulait contredire et par la contre-culture qui l’avait rendu possible. Un jeu dialectique entre progrès et régression, effet immédiat et profondeur, qui guide à peu près tout ce qui nous stimule et nous charme dans nos explorations de critiques et d’auditeurs.ices, et qui résonne presque à chaque page de cet ouvrage.

L’auteur s’intéresse, forcément, aux artistes incontournables du glam-rock : David Bowie (quatre chapitres !), Marc Bolan et T. Rex, Alice Cooper, Roxy Music, Slade, Gary Glitter, les New York Dolls, Sparks ou Queen. Mais Reynolds ayant toujours aimé les régions plus mineures de la pop, il se plonge aussi dans les marges et les stars plus ou moins oubliées du glam : Hello, Suzi Quatro, Wizzard, Jobriath, Bebop Deluxe, la « glamsploitation » ou la scène de Los Angeles. Et il conclut son histoire par un long épilogue qui passe en revue toutes les résurgences de l’esprit glam depuis le punk, de Prince à Lady Gaga, et de l’electroclash à Kanye West. Et il sait aussi convoquer dès que possible des références extra-musicales variées pour éclairer son récit : féminisme radical, bouddhisme tibétain, heroic fantasy, occultisme, théâtre d’avant-garde – Le Choc du glam est un livre qui donne envie d’en lire des dizaines d’autres.