Depuis 2014, l’artiste Laurence Cathala déploie dans des expositions une série de textes à voir autant qu’à lire, qu’elle nomme Les Versions.  Ces textes empruntent au genre littéraire de l’anticipation ou de la fiction spéculative. Ils prennent la forme d’installations murales composées d’une double page de livre imprimée, agrandie à l’échelle du corps et entourée d’annotations manuscrites.  Cette fiction est peu à peu devenue un projet de livre, qui rassemble neuf Versions. Les textes évoquent un futur proche, un temps où les devenirs humains et non-humains semblent incertains.  Des changements majeurs ont eu lieu et sont commentés dans des annotations où quelqu’un parle au passé et se révèle être un·e lecteur·rice issu·e d’un futur bien plus lointain.  La ponctuation est remplacée par des slashs (/) ; il s’agit de faire claquer la fabrique et le travail du texte, sa mobilité et son instabilité, mais aussi le rythme qui en découle, ainsi qu’une forme d’oralité qui se joue dans l’acte d’écriture ou de lecture. De nombreuses énigmes perdurent sur les temporalités, les identités, les énonciations des différentes voix qui sont en jeu dans cette histoire. À ce titre, le texte engage le·a lecteur·rice dans une enquête collective et pleine de doutes, qui déploie un imaginaire toujours à déchiffrer.