Eva Barto fait une analogie entre l’art et le trafic, au sens d’une circulation, souterraine et parallèle au monde de la marchandise, d’objets auxquels une communauté spécifique prête une certaine valeur, invisible à d’autres. De la même manière qu’un trafiquant déploie des trésors d’inventivité pour dissimuler ce qu’il achemine, Eva Barto contrarie les horizons d’attentes qui peuvent trop facilement s’instaurer entre les différentes instances de la relation artistique : auteur, objet, spectateur.
Elle dissimule ou travestit les identités, complexifie les modes d’accès aux objets, dévalue ces derniers et rend leur présence incertaine. Une attitude inquiète qui l’amène à interroger les paramètres de production et de réception de l’art, dont ses contextes économiques, sa production de valeur, le statut et le rôle attribués à l’artiste.
Pour la biennale, Eva Barto produit une publication sous l’intitulé de la maison d’édition qu’elle a créée, Buttonwood Press, du nom de la communauté qui, à la fin du XVIIIe siècle, a fondé les prémisses du système boursier à New York. Cette maison d’édition est destinée à produire des ouvrages reflétant de diverses manières les contextes économiques qui ont permis leur existence, et les transformant en narration, où les frontières entre la réalité et un certain niveau de fiction sont brouillées.
Elle utilise notamment les techniques du collage, du montage et du caviardage, pour reconstruire, à partir de documents, le contexte dans lequel elle évolue, et définir ses propres paramètres de lisibilité. Derrière ce geste, il s’agit de témoigner d’une réalité, en exacerbant sa complexité.
Le livre qu’elle produit fait ainsi l’objet d’une sorte de vandalisation délibérée : déchiré en plusieurs fragments, il est diffusé au public gratuitement dans plusieurs lieux d’exposition de la biennale, par l’intermédiaire des médiateurs. C’est donc à la frustration d’une lecture nécessairement parcellaire que le public est convié.
Publication réalisée en co-production avec Lendroit éditions, qui présente une installation du projet par l’artiste.

Eva Barto draws an analogy between art and traffic: underground and parallel circulations in the world of merchandise; objects to which a specific community lends a certain value invisible to others. In the same way as a trafficker has to figure out how to dissimulate what he is transporting, Eva Barto thwarts the horizons of expectations that can easily be established between the different instances of the artistic relationship: author, object, spectator. She makes her objects less accessible, devalue them, makes their presence uncertain. This restless attitude brings her to question production parameters and art reception such as the economic context, the production of value and the artist’s status and role. 

For the biennial, Eva Barto is producing a publication under the title of the publishing house she created, Buttonwood Press, named after the community that founded the premises of the stock market system in New York at the end of the 18th century. The publishing house is intended to produce works that reflect in various ways the economic contexts that made their existence possible, and transform them into narratives, where the boundaries between reality and a certain level of fiction are blurry. She uses the techniques of collage, montage and sanitization, from documents, reconstructs the context in which she progresses and defines her own readability parameters. Behind this approach, she testifies on a reality by intensifying its complexity. The book she produces is thus the object of a sort of deliberate vandalisation: torn into several fragments, it is distributed to the public free of charge in several exhibition venues of the biennial, through the intermediary of mediators. The public is thus invited to the frustration of a necessarily fragmented reading.

This publication is a co-production with Lendroit éditions, which presents an installation of the project by the artist.