Pour 4X3, les artistes proposent de revenir avec humour à la fonction première de ces panneaux, à savoir accueillir des publicités. Dans le cas présent ce sont celles des promoteurs immobiliers annonçant à grand renfort d’adjectifs prometteurs la future construction d’un immeuble ou d’une résidence qui intéressent Nelly Monnier et Eric Tabuchi. Profitant de leur fascination commune pour les constructions humaines participants des paysages que nous côtoyons chaque jour, les artistes utilisent des panneaux qu’ils auraient pu prendre en photo afin de proposer au public une série créée spécialement pour l’occasion.
Six images extraites de leur projet en cours ARN viennent s’offrir aux regards. Sur celles-ci, deux mots jouent avec ironie d’un vocabulaire censé faire rêver les futurs acquéreurs. Le contraste avec les six photographies souligne à la fois l’intérêt et le respect des artistes pour l’ensemble des constructions qu’ils photographient chaque jour ainsi que leur vision d’un monde architectural voué au délabrement voire à la disparition. Cette mémoire d’une architecture diverse et éclectique se confronte alors aux projets d’un monde urbanistique qui promet toujours le mieux, le plus beau, le plus neuf à grand renfort de bulldozers et de grues.
Œuvre au long cours initiée en 2017, « l’Atlas des Régions Naturelles » documente, en photographie, l’architecture vernaculaire française dans toute sa diversité.
Sillonnant les 450 « régions naturelles » françaises – petites entités territoriales correspondant aux anciens « pays », tels que le Nivernais ou la Cornouaille -, Nelly Monnier et Eric Tabuchi photographient, de façon neutre et égale, des dizaines de milliers de bâtiments de toute typologie ou échelle, architectures insolites, banales, modestes ou spectaculaires. Humour, brin de nostalgie, curiosité évidente envers la capacité humaine à inventer, au quotidien, formes et situations étonnantes, cohabitent avec la rigueur que requiert une démarche de si grande envergure. Cette entreprise colossale, tout à la fois poétique et scientifique, incite à regarder autrement ce qui jusqu’ici ne valait pas un regard, et à redécouvrir, sans hiérarchie, un autre patrimoine. Analysées, indexées ou organisées en séries, ces photographies intriguent, font sourire tout autant qu’elles font réfléchir sur notre paysage.